Image, mort et argent.
▲ Les tabous d'une société supersticieuse ▲ 26/11/2020
J’ai réalisé une carte de remerciement pour un décès. Ce n’est pas quelque chose que j’ai l’habitude de faire bien sûr, mais en travaillant dessus j’ai réalisé à quel point le design graphique délaissait le secteur funéraire.
On peut comprendre pourquoi assez facilement, mais finalement est-ce pour de bonnes raisons? Il y’a effectivement un tabou qui entoure la mort, et un tabou encore plus fort quand il s’agit de mort et d’argent. Peut-être que nous avons toustes ce premier réflexe de nous dire qu’il s’agit de « se faire de l’argent avec la tristesse des gens ». Faire du commerce avec la mort, c’est un sale boulot qu’il convient de laisser aux croc-morts, et dont personne ne veux. Mais.. vraiment ? N’est-ce pas un héritage chrétien profondément superstitieux qui nous incite à rejeter tout « commerce avec la mort »? Afin de ne pas se porter la poisse, peut-être, on préfère déléguer à quelqu’un qui semble, par contrat, en être préservé.
Quand le faire-part de naissance et de mariage est un secteur qui explose et dans lequel les gens sont prêt.es à investir toujours plus d’argent… Pourquoi les cartes de décès seraient condamnées au mauvais goût ? En réalisant cette carte de remerciement, j’ai au contraire eu l’impression de rendre un dernier hommage en bonne et dû forme, avec tout le respect que je pouvais mettre dans cette image. Pas de fausses fleurs, d’iconographie pieuse et de typo scriptes, ici… mais tout simplement une illustration de cette plage et des Albères. Et j’ai le sentiment d’avoir respecté son souvenir. Et si, moi, ça me permet de vivre de ma passion, c’est peut-être un plus bel hommage encore.
J’avance cette idée, mais peut-être que nous avons tout à gagner à célébrer la mort et à la replacer au centre de nos préoccupations. Plus que jamais, nous prenons conscience que l’espèce humaine est loin d’être immortelle et invincible. Réfléchir à la question de la fin de vie doit devenir une préoccupation urgente. Car par extension, c’est à notre qualité de vie que nous réfléchissons. À une société de soin, qui prend soin. Réflexion work in progress…
*Les noms et prénoms ont été modifiés.